Quand mobile se disait voyage


Cet article a été publié le par association Chez.XYZ.

Satisfait en ce moment par Harry Koopman

Le 20 novembre 2016 était une date assez spéciale pour mon frère et moi
parce qu’il y avait 100 ans que notre mère était née.
Nous avons trinqué à la mémoire d’elle et nous étions sûrs que
quelque part au dessus des nuages notre favorite a pu consentir
à notre fête de ce moment unique.

Ensuite je suis retourné à mon projet de sa famille:
l’édition d’un livre contenant l’histoire de sa vie,
ainsi que celle de chacun de ses 12 frères et soeurs, leur parents et quelques ancêtres.
D’eux y restent actuellement au total seulement deux frères, d’environ 90 ans.
Leur connaissance des éléments détaillés des trajets de vie différents des membres
de leur famille aura disparu dans peu de temps.
Avec lui les souvenirs s’estomperont aussi et jauniront comme des photos dans de vieux albums,
sauf si l’on sait les maintenir. Et voilà mon projet familial !

Un deuxième projet y est lié, celui d’un assainissement de toutes les collections chaotiques
de photos de famille cachées dans des boîtes mises aux endroits très divers.
Bien sûr, toutes les histoires de vie du livre prévu seront illustrées par des photos d’autrefois,
raison pour laquelle je me suis transformé en vrai fureteur qui fouille chaque album de photos,
toutes les boîtes de conteneurs de diapositives et d’autres trésors potentiels.
Le but est de parvenir sous peu à une collection très réduite, mais de qualité.
Elle sera digitalisée et hébergée par une simple clé USB sécurisée,
afin de mettre les images à l’abri des attaques éventuelles de pirates.

Le projet initial s’adresse à tous mes 32 cousins et cousines.
Parmi eux, dans “notre” génération qui suit la génération de ma mère,
j’ai pu trouver 12 fois un volontaire chargé de formuler une histoire
caractéristique de la vie de son parent H.
(Initialement, mon frère m’avait déjà donné son adhésion
à la version finale de texte en ce qui concerne la vie de notre mère.)
Mes projets aident à préserver l’histoire de la famille H.
Il n’est pas exagéré de caractériser mon occupation actuelle comme
la mise à l’abri de l’héritage culturel de cette famille.

Il s’est avéré que les deux projets produisent un effet collatéral assez inattendu.
Ils ont la qualité heureuse de rattacher des liens interdépendants de (presque)
tous les membres vivants de la famille, ce dont je vais donner trois exemples.

1) Après avoir envoyé un courriel à mes 2 cousines au Canada
en leur informant du projet des histoires de famille
je recevais de retour 4 adresses mail et 4 prénoms différents
afin de les tenir au courant du progrès du projet…
Moi je ne savais pas qu’il y avait 4 cousines au Canada…
Cette nouvelle me parait un canular et m’avait vraiment bouleversé !
Mon oncle et tante émigrés en 1954 n’avaient que deux enfants, hein ?

Apparemment je n’avais jamais regardé les albums de mes parents
qui montraient des preuves évidentes, leurs photos prises au Canada lors de leur visites.
D’ailleurs ces photos de l’enfance de mes cousines canadiennes leurs étaient inconnues.
Elles ont fait un tabac la-bàs, vu le nombre d’émoticônes utilisées dans leurs réactions mail.

2) Le projet de livre a incité l’un de mes cousins à proposer l’organisation
d’une réunion avec le dernier oncle vivant aux Pays-Bas.
Ce rassemblement avait pour but de présenter à la génération des cousins
et cousines de nos jours une (peut-être dernière) possibilité
pour poser des questions quelconques à notre oncle
en ce qui concerne certaines photos de famille
et pour se faire expliquer par exemple
qui est-ce qui y figure …

Cette réunion était quelque chose de fantastique !
On racontait des anecdotes, on regardait des albums de photos jamais vues,
parfois on avait l’impression de découvrir certains secrets de famille
(des liaisons amoureuses d’autrefois),
on dévoilait quelques propriétés de luxe de famille avant l’époque
de la grande crise économique des années 30
(par exemple une voiture de marque “Spijker”), etc.

Somme tout, cette idée de se réunir d’une telle façon se montrait un succès fou.
C’était une réunion d’autrefois et de vraie nostalgie:
des albums des photos noires au centre de l’intérêt !
L’ambiance était agréable: pas de smart phones sur table, pas d’écrans allumés,
personne en train de télésnober lors des explications, etc.

3) Un cousin qui habite au Proche-Orient depuis quelques ans
est devenu mon partisan le plus enthousiaste.
Ses projets de travail changent régulièrement et ses adresses de domicile vont avec:
autrefois en Syrie, après au Liban et dernièrement en Jordanie.
Il n’a rien de sédentaire et vit la vie moderne de nomade.
Nos naissances se produisaient à la fin des années 40.
On ne s’est rencontrés personnellement que très rarement et
nous n’avons jamais eu de conversations d’une certaine profondeur.
On ne pourrait caractériser notre lien que d’exister en théorie.
C’est lors de la collaboration dans le cadre de l’élaboration des projets familiaux
que j’ai vraiment pu faire sa connaissance.
Récemment l’observation m’est venue qu’il a l’air d’être
de même tempérament introverti que moi.
Il est quelqu’un de sérieux et réfléchit avant d’agir.
Il me semble qu’il aime autant les grandes lignes que les détails.
Ses réactions à mes demandes sont rapides et intelligentes.
Toutefois son monde à lui est tout à fait autre que le mien.
Le sien est dicté par les conditions adhérentes arabes qui me sont totalement étranges.
Je me demande si l’on pourrait valider notre rapport comme si chacun de nous pourrait
être l’avatar de l’autre, mais que de très bons rapports se sont formés entre nous, ça c’est sûr.

La parution du livre familial est prévue pour septembre 2017.
Actuellement j’ai reçu 11 histoires de vie.
Elles sont très intéressantes à lire et ce sont des preuves que
chaque trajet de vie se développe différemment des autres.
Mes projets se développent avec succès.
Pour compléter le livre il ne me manque que 2 contributions actuellement.
Même les photos qui illustreront les histoires de vie ont été choisies.
En ce moment je suis satisfait….

le 8 février 2017, Harry Koopman,
16410 Dignac
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Nous remercions Monsieur Koopman de l'effort fait pour inscrire son texte
dans les règles du concours " Dis moi dix mots"
organisé par le Ministère de la Culture
à l'occasion de la semaine de la Francophonie
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