Dans le sous-bois

Cet article a été publié le par Reseda.

Dans le sous-bois que nous foulons, le sol ne connais pas la lourdeur des pas de l'homme. Les feuilles jonchant le parterre se décomposent au gré de l’appétit des insectes invisibles, insatiables, ils avancent et le transforment au fil de leur intestin macrophage.
Les arbres aux branches tombantes de fatigue s’appuient sur les troncs encore verts, s'entrelacent autour d'un vide, chaud, dissimulé aux yeux de tous. Abritant un cœur palpitant. Certains préfèrent, pour insuffler à leur sève asséchée, abreuver leur branchages dans les veines de la forêt ; déposer ces bras épuisés dans le lit de la rivière, fraîche, dont l’écoulement accompagne les discussions silencieuses des feuilles séchées craquant sous nos pieds.
Des épines comme autant de mains fanatiques s’accrochant à la chair abondante. Battante de chaleur, épileptique de ses mouvements saccades par l’afflux du sang dans ses tempes. La panique s’immisce et fait perler de l’eau si douce au toucher de ces dizaines de petites mains caressantes. Arrachant cette chaire à l’emprise en leur cédant une once de ce fluide chaud et doucereux en échange de la liberté, de l’espace pour emplir ces poumons d’un air frais et sec, rassurant. La vision d’une voûte céleste, d’une terre sablonneuse et jonchée de roches polies et roulées par le courant d’une eau douce et glaciale. Ici aussi l’eau tient à son son propre, entrechoquant dans les rapides ses galets comme autant d’osselets.

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