Pour la défense de" l'Art épistolaire"

Cet article a été publié le par picturaldream.

« Pourquoi J’écris ? parce qu’ainsi on ne peut pas me couper la parole, pardi ! »

Mais surtout parce que :

L’Art épistolaire ressemble à l’Art amoureux, il s’agit de plaisir.
Il est bon qu’il soit long, alors je prends le temps.
Je retarde le passage à l’acte.

Je choisis lentement mes mots et j’écoute les syllabes chanter.
Je médite, je rêve, le crayon suspendu,
l’autre est tout près de moi,
Tant que j’écris je l’aime ! mes mots sont des caresses, les phrase une musique.
Ah, et puis, j’oubliais, que dire du temps passé pendant lequel j’imagine, j’attends, j’espère la réponse ! ce délice fait d’impatience et de d’espoir. Ces rêves plusieurs fois recommencés sont l’écume du dialogue entre le toi et le moi. Je vibre, je fonds de joie, je souffre, je vis.
Tant pis pour toi si tu ne me réponds pas!

Pour écrire une lettre il faut un support physique : le papier, le stylo sont des outils manuels simples. Et puis il faudra des routes, des moyens de transport, des gens qui vont trier et un état pour organiser tout cela et des timbres pour payer le service rendu. On paye au coup par coup, selon notre besoin, en fonction du service demandé. Il n’y a pas d’accès illimité à la poste.
Et puis, Il doit se passer plusieurs jours entre la conception du texte et sa lecture par le destinataire, le message ne peut pas avoir un caractère d’immédiateté.
Dans une lettre on donne à savoir des choses qui sont déjà digérées par l’expéditeur quand le destinataire les reçoit. Le temps est passé par là et avec lui l’information est devenue de l’histoire.
Et puis, il faut du temps pour pratiquer cette activité non rentable, il faut du calme, ainsi on peut choisir les meilleurs mots pour traduire sa pensée avec le plus de précision possible. La lettre sera lue et relue, elle se doit d’être belle et de produire une sorte de musique. Celui qui la lira sera assis, tranquillement, il écoutera le texte, il ne fera que ça, il aura le temps de recommencer, et pourquoi pas de lire à voix haute.
On partage une émotion ressentie, mais déjà l’émotion arrive comme atténuée, adoucie par le passage du temps, et c’est bon de savoir que l’on peut survivre à l’émotion. On gardera la lettre dans un tiroir, certaines se liront après la mort même, et la nostalgie présente sera tendre à nos cœurs !
Dans une lettre on ne dit pas :
-J’arrive, t’es où ?
Le SMS est un butor semé de fautes, toujours trop pressé, son langage impersonnel est au mieux utilitaire. Si j’envoie un poème ce sera peut-être un haïku. Mais qui prendra le temps d’apprécier un haïku, si subtil, si fugace ?
Sinon ce sera une information, une injonction, un remerciement, à peine lu il est déjà effacé, remplacé par d’autres. Dans la mémoire il laissera sa trace bien sûr, une émotion, une blessure ou un rayon de soleil, quelque chose comme un courant d’air. Le vent passe, et puis il est oublié ; on ne réfléchit pas aux traces laissées par le vent !
Et puis un jour la messagerie est pleine. On effacera du bout du doigt un pan de notre existence. Le message, l’histoire, l’expéditeur, tout part dans notre immatérielle poubelle.!

Une Oeuvre de C.Franck au hasard
(Cliquez, vous ne perdrez pas votre page)

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