Sur la terre si douce ils se sont affalés

Les enfants goulus
Les enfants goulus de la terre, douce mère
Ont dévoré son sol
Leurs canines avides plantées dans les collines
Ont malaxé les mottes
Déchiqueté les roches
Les enfants goulus de la terre, belle féconde
Ont sucé les ruisseaux
Ont mâché les forêts devenues silencieuses
Les enfants terribles ont englouti le ciel
Se sont goinfrés de vent
Sont devenus obèses
Sur la terre si douce ils se sont affalés
Se sont mordus entre eux
Et, imbibés de sang, juste avant d’expirer
Se sont mangés eux-mêmes.
Sur la terre éternelle, bienveillante, une graine a poussé.